TPE Savon
Histoire, composition et société
De nos jours, le savon est un objet du quotidien auquel la majorité des populations a accès et dont presque tout le monde use. Cependant, il n'en a pas toujours été ainsi, selon les évolutions de la société et de la science. De plus le savon que l'on connaît aujourd'hui est bien différent de celui que l'on utilisait avant.
A- Histoire du savon et des pratiques du bain dans l'Histoire
Historiquement, la plus ancienne trace de l'utilisation du savon remonte à quelques milliers d'années avant J.-C., en Mésopotamie (l'Irak actuel), cependant, on ne sait excatement quand il est apparu.
Nous pouvons, sans preuve, supposer que les Egyptiens utilisait déjà une pate constituée de cendre, d'argile et de bicarbonate de soude, dont ils se servaient en se frottant le corps et qui faisait office de "savon". On est , en revanche, certains que les Sumériens fabriquaient une pâte savonneuse à base d'huile, d'argile et de cendre, dont il résultait un savon mou. Des tablettes sumériennes vieilles de 4200 ans font état de ce savon, les premières traces écrites remontent donc à environ 2000 ans avant J-C. Il était cependant, à cette époque, uniquement utilisé pour soigner les maladies de peau et laver la laine. Il faut en effet attendre plusieurs centaines d'années pour qu'il soit utilisé de façon quotidienne pour le corps : cette pratique est en effet très longue à voir le jour.
Ensuite, nous retrouvons le savon, un millénaire avant notre ère, à Alep (Syrie), proche de celui que l'on connait maintenant, composé d'huile d’olive et de soude végétale à laquelle on ajoute de l’huile de baies de laurier. C'est cette dernière qui, aujourd'hui encore, fait la renommée de ce savon. Selon certains historiens, la recette du savon d’Alep aurait atteint l’Europe grâce aux croisades et serait l'ancêtre des savons durs actuels.
A la même période en Europe, un savon composé de suif animal et de cendres apparaît, mais, faisant preuve de trop de causticité, il n'est utilisé que pour le blanchissage du linge. Avec une culture de bains pourtant très présente et ancrée chez les Romains, le savon, alors composé d'un mélange de cendre de hêtre et de suif de chèvre, n'est employé que pour décolorer les cheveux, une mode à cette époque là.
A partir du VIIe siècle, on découvre que cuire la chaux permet de fabriquer de nouvelles lessives, et d'obtenir des savons plus durs. C'est ainsi que commence l'industrialisation du savon, qui est alors importante autour du bassin méditerranéen, notamment en Espagne et en Italie.
Marseille, à un emplacement stratégique entre ces pays, voit son port devenir le principal centre d'échange du savon et de ses composés, comme les parfums, les matières premières et l'huile d'olive. Ainsi, le commerce s'intensifie dans cette ville, qui commence à fabriquer son propre savon dans de petites fabriques familiales. Composé d'huile d'olive, substituant de la graisse animale, le « Savon de Marseille » est connu, de nos jours encore, pour ses propriétés hydratantes et respectueuses de la peau. Avec cet essor, de nombreux bains publics s'ouvrent, même si cela reste un luxe réservé aux plus riches.
Plus tard durant le Moyen-Age, la tendance s'inverse : plusieurs épidémies dont la peste et la syphilis ainsi que le rejet des plaisirs du bain par l’Église, influent les populations et laissent à penser que les saletés renforcent la peau puisqu'elles forment une couche supplémentaire, protégeant ainsi des maladies. La toilette devient donc minime : lavage de la tête et des mains.
Aux XVIe et XVIIe siècles, la croyance se perpétue : on ne se contente plus que de porter des linges propres, de se mettre de la poudre et de s'asperger de parfums, qui protègent contre les maladies : on dit que la toilette se pratique « à sec » . En effet, les bains apparaissent alors comme dangereux : l’eau, amollissant la peau, affaiblirait la protection contre les infections, favorisant la contamination. De plus, il n'est à cette époque pas aisé de prendre un bain: il faut transporter l'eau, la faire chauffer...les riches se contentaient donc en général d'un ou deux bains dans l'année.
C'est seulement sous Louis XVI (XVIIIe siècle) que l’eau est de nouveau acceptée. Les salles de bain deviennent des lieux de partage et de discussions. Elles ne représentent cependant qu'un lieu de détente et ne récupèrent qu’au XIXe siècle leur connotation de lieu consacré à l'hygiène, avec le début de l'installation de l'eau courante dans les domiciles, facilitant ainsi considérablement la démocratisation de la culture des bains (même si c'est encore à cette époque, un luxe réservé aux plus riches).
Avec l'expansion de la société bourgeoise, la propreté devient alors primmordiale, l’hygiène corporelle devient un "art" que l'on enseigne : à l'armée même, on impose la toilette.
Avec la réapparition de cette coutume et la hausse des demandes, Marseille se voit devenir le centre d'accueil de nombreuses savonneries. On y fabrique des savons qui ne se différencient cependant que par leurs excipients, marquant l'originalité de chaque entreprise familiale, qui s'attèle cependant à préserver les propriétés des savons mythiques. Une comission de contrôle est créée, afin de vérifier la qualité des produits proposés, qui sont, pour nombre d'entre eux, innots.
Au XXème siècle, la production de savon est cependant perturbée : avec la Première Guerre mondiale, on peut assister à une hausse générale des matières premières, ce qui rend naturellement plus difficile l'approvisionnement des familles françaises en savon.
Aujourd'hui, les propriétés lavantes et hygiéniques du savon ont été relayées au second plan, privilégiant l'attrait pour les parfums, les textures agréables et les tarifs intéressants.
L'utilisation de la pubilicité pour séduire les clients connait donc une importante augmentation.
B- Les différentes compositions du savon au cours de l'histoire
Depuis son apparition, la composition du savon a subi une importante évolution, selon les facteurs environnementaux et historiques, ainsi que les avancées techniques.
On peut penser que la saponification, à l’origine de la formation du savon, a été découverte par l'expérimentation puisqu'elle était déjà utilisée, comme nous l'avons précédemment vu, quelques millénaires avant JC...
Elle est donc l’une des plus vieilles réactions chimiques connue mais, les modifications de sa mise en place ne se sont enchainées que très lentement. Il a par exemple, fallu attendre plusieurs siècles avant que l'on utilise les graisses animales à la place des huiles végétales, ou encore que l'on emploie la chaux pour accroître l'aspect corrosif du savon.
Tôt, le « savon de Marseille », est produit de façon saisonnière, et, au XVIIe, son commerce prend de l'ampleur : les savonniers embauchent du personnel qualifié originaire des pays méditerranéens, permettant ainsi le perfectionnement de leurs techniques, l'apprentissage de nouveaux procédés, une augmentation du nombre de pays importateurs du produit. On dénombre alors 7 fabriques dont la production annuelle s'élève à près de 20.000 tonnes.
Ainsi, Marseille exporte le savon vert à travers le monde pour répondre à la demande en constante augmentation des consommateurs. En 1688, Colbert rédige un édit réglementant l'appellation de ce savon mythique : il est désormais interdit d’utiliser un autre corps gras que l’huile d’olive pour réaliser un savon si celui-ci est dit "savon de Marseille", et fabriqué en région Marseillaise. Les graisses animales sont donc bannies de la réalisation de ce savon.
Il existe en 1700, deux sortes de savon : le savon blanc pour les teinturiers, filateurs, blanchisseurs et parfumeurs, et le savon marbré, utilisé pour le dégraissage des laines, et le ménage. Mais, au XVIIIe siècle, deux découvertes majeures sont faites : en 1783, le chimiste suédois Carl Scheele obtient de la glycérine, substance au goût sucré qu’il appelle Ölsüss, (produit de la réaction chimique entre de l’huile d’olive avec de l’oxyde de plomb en ébullition). Puis, en 1791, le chimiste Nicolas Leblanc, découvre un procédé permettant l'obtention de la soude caustique à partir du sel.
En 1823, c'est au tour du chimiste français Michel Eugène Chevreul de faire une découverte : les corps gras sont d’abord décomposés en acides gras et en glycérine, ce ne sont donc pas ceux -ci qui réagissent avec l’alcali pour former du savon. Il publie alors la théorie exacte de la saponification.
Cette découverte a permis d'établir un plus large panel de produits destinés au consommateur, puisque, les principes actifs désormais connus, on peut utiliser des excipients et inventer de nouvelles formes de savon.
Vers 1840, l'huile d'olive n'est donc plus la seule utilisée lors de la fabrication du savon, et on constate que le taux d'utilisation des huiles de coprah et de palme est croissant car, importées des colonies, le coût est moindre.
Cependant, depuis les années 1950, des agents de synthèse dérivés du pétrole, ayant un coût d'autant plus accessible, ont remplacé les anciennes recettes du savon et en font des objets plus chimiques que naturels. L'augmentation du nombre de produits et propriétés est ainsi rendu possible par cette nouvelle composition. C'est d'ailleurs ainsi que les savons liquides ont vu le jour dans les années 1960, et que l'on peut dorénavant trouver de nombreuses formes originales de savon, comme la gelée, ou encore le savon effervescent...
L'évolution du savon a donc permis sa démocratisation.
source : cboutic.com
C- Le savon et la société
L'invention du savon a eu un impact important sur le niveau de l’hygiène et de la propreté de nombreuses populations, dans de nombreux pays.
Jusqu’au XIXe siècle, la mortalité infantile, en constante augmentation, représentait l'un des problèmes majeurs de notre société en raison de la qualité faible de l'hygiène de l'époque. Pour palier à ce problème, les femmes de toutes les origines devenaient mères de grandes fratries dans l'espoir de voir l'un de leurs enfants atteindre l'âge adulte. Mais cette vie parsemée d'accouchements dans des conditions précaires a eu raison de beaucoup d'entre elles, mortes en couche.
De plus, les conditions de vie en ville favorisaient le développement de nombreuses maladies. Il faut en effet prendre en compte le fait qu'avant le XIXe siècle, les déchets encombraient les rues et que les eaux usées n'étaient que peu filtrées. Ainsi, l'homme et les bactéries, les maladies, les moisissures cohabitaient sans que personne ne mette en relation l'hygiène quasi inexistante dans la ville et au sein même des ménages et la durée de vie peu élevée des nourissons comme des adultes.
C'est grâce à la révolution industrielle ainsi qu'au travail de plusieurs scientifiques que la prise de conscience des populations sur l'importance de l'hygiène a eu lieu. Ainsi, des organisations ont vu le jour pour informer la population qu'il existe des règles d'hygiène visant à protéger l'individu, sa santé et la santé de ses proches : le Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) ou encore l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Le professeur en épidémiologie V.W. Greene a, pour démontrer et prouver l'importance du savon, réalisé un diagramme de comparaison du taux de mortalité infantile en fonction de la consommation de savon ou détergent dans le monde. Le savon a joué un rôle majeur dans le développement de l’hygiène et de la propreté en Europe et partout dans le monde.
Relation entre la consommation de savon et le taux de mortalité infantile
Le savon a donc une influence significative sur le taux de mortalité infantile, qu’il fait décroître de manière importante; il est même quasiment nul en Europe de l'ouest, où le savon a une place très importante dans la société et où la culture de l'hygiène est très implantée et développée.
La production mondiale de savon dépasse actuellement 6 millions de tonnes par an. Plus qu'un produit d'hygiène, le savon est, depuis le milieu du XXe siècle, un produit avec d'infinies variantes : marques, compositions, couleurs, textures, odeurs... C'est d'ailleurs ce dernier critère, selon notre sondage, qui influence majoritairement le choix des consommateurs. Vient ensuite le respect de la peau, et en dernière position, le prix (diagramme de haut de page).
Le commerce du savon est, de nos jours, une véritable course à la nouveauté, au produit le plus innovant et révolutionnaire... Tout est mis en place pour attirer le consommateur et le pousser à l'achat de ces produits ludiques.
L'utilisation des produits biologiques est également en pleine expansion, avec une population, qui opte pour la qualité, le respect de l'environnement et de la peau. Ils sont cependant toujours moins utilisés que les produits industriels.
Les savons certifiés biologiques, ne contiennent pourtant pas ou peu de produits chimiques pouvant nuire à la santé ou pouvant entraîner des réactions cutanées. On peut d'ailleurs remarquer que, d'après le résultat du sondage qu'il y a plus de réactions suite à l'utilisation de produits non biologiques. On peut également affirmer que la savonnette bio est la plus respectueuse de la peau.
Le gel douche (qui n'est pas le résultat d'une saponification) reste cependant largement plus utilisé et répandu que la savonette.
NB : l'ensemble des mots ou noms propres en rouge sont présents dans le lexique afin de faciliter la compréhension des différentes parties de notre TPE, de savoir qui sont les individus dont on parle.





